N/A - Background #1

Le rythme du peuple s’avère indiciblement réglé sur celui des saisons. Car même sous terre, l’astre solaire dont la majorité des Djinaö ne connaissent pas l’existence, exerce son influence. Et ceci de deux façons. D’un côté, de grandes quantités de veines cristallines marbrent la roche en tout endroit, si bien que certaines remontent aisément jusqu’à la surface et captent une faible partie de la lumière de l’étoile. De l’autre, la révolution elliptique et l’inclinaison variante de la planète autour de la géante rouge, génèrent des forces telluriques internes qui influent sur le plasma puis le magma du cœur planétaire incandescent. Cette activité géologique génère donc, selon les cas, plus ou moins de lumière captable par les cristaux et de chaleur se propageant dans les boyaux souterrains.

Trois saisons majeures existent, couvrant neuf des dix mois de l’année. Car tour à tour, chaque type de cristal s’avère plus luminescent selon la lumière acquise. Ainsi ont été définis les mois puis les saisons, par les Grands Anciens. Chaque mois ayant sa couleur, il n’y eu qu’un pas pour que mois, couleurs et cristaux deviennent le socle fondateur des Castes.

Ainsi Föon, "la Floraison", regroupe les trois premiers mois, Voï (Violet), Biü (Bleu) et Vië (Vert). Elle porte ainsi ce nom car on y constate une "pousse" des cristaux et végé-cristaux associés. C’est également la saison privilégiée par les Meväl pour procéder à la "Genèse". La lumière ambiante se teinte d’une variation autour des verts bleutés pastels légers. Et la température y demeure d’une déconcertante douceur constante, propice à une euphorie et à un bien-être bruts.

Kheër, "la Luminance", assemble les trois mois suivants, Jiö (Jaune), Oön (Orange) et Riü (Rouge). La saison des lumières chaudes et des températures élevées voire étouffantes. Là où les Djinaö semblent néanmoins les plus actifs et entreprenants.

Nuüg, "les Brumes", se constitue des septième à neuvième mois, Miö (Marron), Gön (Gris) et Baä (Blanc). La saison des frimas où la lumière s’enlise dans un blanc grisâtre permanent, où les tunnels s’emplissent par endroit de brume et où certains boyaux et cavités gèlent même complètement. Et où la protection du domaine, du peuple, devient la priorité absolue.

Enfin, Shaän, "le Déclin", ne dure qu’un seul mois, Niä (Noir) et résulte d’une position très particulière de la planète vis-à-vis de son étoile. Curieusement il y fait moins froid que durant Gön et Baä mais tous les cristaux naturels semblent se ternir et se vider de toute lumière. En conséquence, les souterrains, tunnels et grottes redeviennent certes totalement accessibles mais se plongent dans une nébulosité absolue. Evidemment, de nombreuses superstitions et histoires mystérieuses s’y réfèrent et beaucoup craignent ces dix-neuf derniers jours de l’année.

La structure communautaire des Djinaö étant basée sur l’octogone, expliquant les huit Castes, Baä et Niä ne sont dévolus à aucune d’entre-elles. Et il est folkloriquement admis que le blanc vaut pour les "Sans liens", des êtres rares ayant transcendé les limites des Castes. Mais ils demeurent, tout à la fois rares et méconnus dans l’histoire des Djinaö. Quant au noir, on le destine aux bannis, car il y en a… et là, la mémoire collective ne leur accorde pas la moindre attention. Il s’agit de la disgrâce absolue et d’un tabou qui n’est évoqué qu’avec effroi.